Asana animal – Vivre la posture animale
Adopter une posture animale c’est recréer le lien avec la nature, avec l’animal que nous avons été et/ou que nous sommes. Elle peut permettre de décomplexer et libérer certaines émotions, sentiments ou encore défaire des tensions.
Elle peut aussi faire rejaillir des choses bien enfouies en nous.
Ainsi, progressivement, l’élève lion rugira-t-il probablement plus fort après quelques séances.
En effet, quelle que soit la posture animale investie, petit à petit, le yogi revêt (à nouveau) ses parures animales, sa ‘’tunique animale’’. Il laisse ainsi sortir ce qui est en lui. Parfois, émergent des sentiments, des sensations dont il ne soupçonnait même pas la présence en lui et/ou qu’il avait oubliés. »
Selon Loredana Hamoniaux dans ” Le yoga, le bébé et la tortue “, « le yogi adopte donc consciemment les âsana en tant que schémas posturaux animaux, en sachant pertinemment qu’il re-traverse ainsi à contre courant toute l’évolution des êtres vivants : un voyage conscient vers l’origine la plus ancestrale, la plus profondément enfouie dans les tissus du corps ; les âsana sont un aspect « incarné » du voyage que la tradition appelle pratiprasava (YS II, 10), c’est-à-dire contre-évolution, involution ou ré-volution […]. »
Elle indique qu’aucune preuve matérielle ne peut être apportée de ce ‘’voyage’’, mais parle d’« intuition vécue, non rationalisable,[…] qui émane de l’être tout entier ».
« Le yogi sera tour à tour chat et tigre, chien et singe, coq et paon, crocodile et serpent, grenouille et sauterelle […], non pas dans la pensée, non pas symboliquement, non pas pour en acquérir les pouvoirs, mais concrètement, dans ses muscles, dans son système nerveux, dans son cerveaux : bref, dans son corps, et il aura en même temps conscience de cela, la conscience neutre et attentive du témoin. Jusqu’à rencontrer, au-delà de tout ce foisonnement de formes, le sans forme… […] »
Le yogi profite ainsi de la « richesse des autres créatures, richesse qui est en nous et qui nous a « formés » et « informés » évolutivement, et dont l’expérience yogique extrait l’essentiel tout en le purifiant. »
Par ailleurs, en fonction des postures, certains chakra seront plus sollicités que d’autres et, peut-être, aideront à cette extériorisation et à cette maîtrise de notre part animale.
Certains diront un jour qu’ils sont plus lion…et un autre jour plus tortue.
En fonction de la situation, on peut avoir à puiser dans certaines de nos ressources et avoir besoin de profiter des vertus d’un animal plutôt que d’un autre. Chaque âsana, quel qu’il soit, est en mesure de nous apporter quelque chose, et peut-être de répondre à un besoin particulier.
Par exemple, un esprit agité aura intérêt, voire ressentira le besoin de s’installer en tortue pour s’apaiser, retrouver une stabilité, une quiétude.
En effet, en tortue, kurmasana, nous sommes dans une posture de fermeture qui permet plus facilement un repli sur soi. Rentrer dans sa carapace peut permettre de mieux s’intérioriser et de se mettre en retrait, à l’abri du tumulte extérieur.
Attention toutefois à ne pas s’extraire complètement du monde. Parfois le confort d’un âsana et des effets qu’il procure peut conduire à vouloir rester dans cette sensation et s’isoler en perdant tout lien avec ce qui nous entoure.
On peut aussi noter que vivre une posture animale peut permettre de développer une certaine empathie à l’égard de l’animal en question.
En effet, se mettre dans la peau, dans le mouvement, dans la dynamique d’un animal peut nous permettre d’appréhender ce qui nous entoure de son point de vue.
«Les asanas portant des noms d’animaux, d’oiseaux, de reptiles, etc … ne se rapportent pas à des règnes inférieurs à celui de l’homme dont ils voudraient imiter des exemples de postures. Ils sont seulement censés nous rappeler que le monde est un lieu dans lequel beaucoup de créatures ont leur existence. Toute vie est sacrée. »
( Swami Sivananda Radha, HATHA YOGA, le langage caché).
Belle pratique à vous,
Namasté,
Céline