Créer de l’espace

5 January 2022 0 By Celineyoganature

En septembre, je me suis offert un week-end yoga dans les Vosges. Le sujet proposé était « Asanas, quels chemins ? ». Notre super enseignante nous a à chaque fois proposé différents chemins pour prendre une même posture.

J’ai d’autant plus apprécié nos temps de pratique et d’échanges que cela rejoint la thématique sur laquelle je travaille actuellement : âsana, chemin, posture.

Comme déjà évoqué sur ce site, pour moi prendre et défaire une posture est tout aussi important que la posture elle-même.  

Expérimenter une posture en passant par plusieurs chemins permet de trouver celui qui nous convient le mieux à un instant donné.  Suivre une même technique représente aussi à chaque fois un chemin différent car nous sommes toujours dans une disposition autre.

Le yoga nous invite à être présent à ce que nous faisons. Il est un moment privilégié pour être à l’écoute de nos sensations. Dans la pratique posturale je propose de ne pas intellectualiser ou d’analyser ce que nous vivons sur le plan technique.

C’est une opportunité de simplement vivre les choses, les sentir, les ressentir.

C’est un temps où on peut créer de l’espace pour faire de la place à d’autres possibles.

Vous avez peut-être déjà eu l’occasion de lire Christiane Berthelet Lorelle (Cbl). C’est une psychanalyste, psychologue clinicienne et psychomotricienne de formation initiale qui s’intéresse depuis de longues années à la philosophie et à la pratique du yoga. Elle est également professeur de yoga.

Ses écrits reprennent son expérience en tant que pratiquante /enseignante de yoga et psychanalyste.

Elle retrace dans son ouvrage « De l’un à l’autre Spiritualité du yoga et psychanalyse », la manière dont elle a découvert le yoga, et comment la pratique du yoga lui a permis de faire une analyse et le rapport qu’elle a pu établir entre le yoga et la psychanalyse à travers son vécu.

J’y ai trouvé de nombreux éléments qui m’ont parlé et elle y évoque justement Patanjali et la notion d’espace.

Je reprends ci-dessous un extrait d’une fiche de lecture que j’avais rédigé lors de ma formation d’enseignant de yoga.

” Cbl reprend l’ashtânga yoga et propose ainsi une nouvelle manière de définir les notions qui composent les 8 membres du yoga dont l’âsana fait partie. 

Elle explique comment à travers la pratique l’on peut s’ouvrir, faire se relâcher des résistances et comment ensuite cela peut laisser de la place à la parole.

Et c’est notamment cela qu’elle va développer tout au long de son ouvrage, avec certains chapitres plus axés sur le yoga et d’autres sur la psychanalyse.  Mais de manière générale il y a toujours un lien qui est fait entre les deux.

 -> Chapitre 1 : le pari de Patanjali

L’auteur explique dans cette partie comment le yoga, par le travail du corps et du souffle, permet de relâcher certaines résistances, pour faire place à un espace où l’on peut enfin se poser en sujet et être à l’écoute.

Et une fois l’espace créé, le sujet peut avoir besoin de parole et cette parole peut être libérée grâce au travail yoga qui induit une étude de soi (svâdhyâya).

Patanjali, dans le Yoga Sûtra décrit ce travail et préconise 8 étapes pour arriver à cette libération (ashtânga yoga). Cbl les développe dans ce 1er chapitre.

Elle fait également le lien entre le yoga de Patanjali et Freud, expliquant qu’il y a des notions communes même si les approches diffèrent du fait que 25 siècles les séparent .

Ainsi par exemple, Patanjali  avait identifié les causes de souffrance à travers notamment l’ignorance/l’avidité/l’angoisse de la mort.  Freud parle de la part narcissique du moi, de pulsion insatisfaite , de refoulement, d’angoisse de la castration.

Dans le Yoga, comme en psychanalyse, on accepte de perdre quelque chose pour libérer un espace qui permettra de laisser de la place à autre chose.

-> Chapitre 2 : un espace à ouvrir

Cbl met en avant la notion de  bienveillance comme enjeu fondamental du yoga.

On ne peut accéder à cet état d’esprit et prendre acte de l’autre que si on arrive à se dégager de sa souffrance et créer un « bon espace ».

Cbl développe dans ce chapitre la notion de l’éthique.

Elle indique que l’homme est naturellement être enclin à la violence et qu’il doit faire un effort pour lutter contre et que la pratique du yoga peut justement permettre de se dégager de cette violence.

Cbl présente le yoga comme une transformation d’un état d’esprit, libre, dégagé de souffrance et donc apte à vivre sereinement.

Citation: « L’énergie de vie, appelée prâna, dont les textes disent qu’elle est « l’amie de la conscience », lorsqu’elle pousse à l’analyse, finit par atténuer les ravages du passé. L’existence prend alors une autre saveur et son approche devient plus spirituelle : elle permet de percevoir, d’éclairer et de goûter tout simplement à la vie qu’il y a dans la vie… »

Si vous en avez la possibilité, je vous conseille cette lecture !

Et surtout observez comment l’espace se créée en vous dans votre pratique et progressivement dans votre quotidien.

Belle pratique et belle semaine,

Namaste